Les deux messieurs de Bruxelles – Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : Les deux messieurs de Bruxelles
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Date : 2012
Nombre de pages : 281

L’intrigue :

« Les deux messieurs de Bruxelles » est un recueil de cinq nouvelles très divergentes, mais toutes liées par un même thème : les amours invisibles. Chaque nouvelle recèle de sentiments inavoués, d’émotions interdites et celles-ci nous mettent face à la complexité de l’émotion humaine. La première, titre éponyme du recueil, débute dans la pénombre d’une église : deux hommes accroupis se jurent fidélité pendant qu’au même moment un couple officiel s’unit devant Dieu. Cet amour, à l’époque, illégitime n’est-il finalement pas plus logique, plus sincère et moins guidé par les préceptes de la société ? Les deux hommes suivront l’évolution du couple modèle et vivront par procuration leur besoin d’enfant. Parmi les autres histoires, on découvre celle d’un homme qui voue tout son égard à son chien, celle d’une femme dont le nouveau mari s’intéresse plus à son ex-mari défunt qu’à elle, celle d’une autre qui voue un culte à son neveu et qui, à la mort de son fils, s’en veut de cette préférence. Dans la dernière nouvelle, on découvre un couple déchiré par un choix difficile qui s’avère n’être ni le bon ni le mauvais.

Mon avis :

J’avais apprécié précédemment les autres recueils de nouvelles d’Eric-Emmanuel Schmitt : « Odette Toulemonde » et « La rêveuse d’Ostende », mais, cette fois-ci, je me suis moins sentie emballée par ces histoires. Parfois, je me dis qu’il y a sûrement un bon moment pour lire un livre, un bon timing et peut-être que je n’étais pas dans l’humeur pour apprécier ce recueil qui m’a semblé un poil niais. Tout de même, je reconnais que plusieurs histoires m’ont bien plu. La toute première, « Les deux messieurs de Bruxelles », pour son originalité et sa vision contemporaine du couple idéal. J’ai aussi apprécié : « Un cœur sous la cendre » et « L’enfant fantôme ». J’ai moins aimé le fond historique de la guerre 40-45 qui constituait l’arrière-plan de la nouvelle « Le chien», mais la morale de l’histoire m’a particulièrement touchée, moi qui porte une attention aussi importante aux animaux qu’à l’humanité. « Ménage à trois » était bien écrite, la chute était peut-être un peu attendue, quoique. Cette nouvelle m’a rappelé celle de Roald Dahl où l’on se rend compte, lors de la chute, que le personnage dont on parle est un personnage historique célèbre. Du coup, le point de vue de l’histoire et l’impact qu’elle a sur les différents personnages change la donne, car on l’a raccroche à une personne « mythique ». Dans ce recueil, j’ai préféré la dernière et aussi la plus courte nouvelle : « L’enfant fantôme ».

Les nouvelles d’Eric-Emmanuel Schmitt se lisent de manière fluide et avec plaisir, on est tout de même avide d’en connaître le dénouement. Je préfère personnellement des nouvelles parfois plus acerbes, plus brutes et teintées d’humour noir. Voilà pourquoi ce recueil m’a paru un peu « niais ». Je vous conseille plutôt « La rêveuse d’Ostende » dont j’ai un très bon souvenir, particulièrement pour sa nouvelle « crime parfait » qui rentre plus dans le cadre de ce que j’aime d’une nouvelle.

Dernier point, à la fin du recueil on retrouve le journal d’écriture de l’auteur, en quelque sorte notes ou journal intime. Il y mêle réflexion et dévoile l’inspiration de ses nouvelles. C’est intéressant d’avoir ce point de vue juste après la lecture de ses nouvelles, cela offre une meilleure compréhension de l’intention de l’auteur. C’est aussi drôle d’apprendre que la plupart ont été écrites dans un trajet de train, merci la SNCB.

Extrait :

  • Quand un homme et une femme s’unissent, ils subissent une intense pression extérieure : leur vie commune est à la fois encouragée et imposée, des modèles règnent, une philosophie commande. En revanche, quand deux hommes se mettent en ménage, ils s’aventurent sur un terrain peu balisé, d’autant que la société refuse souvent leur union, ou, lorsqu’elle la tolère, n’en attend rien. Il y a une paradoxale liberté à vivre ce qui est interdit ou méprisé.

  • La tristesse, l’ennui, le dégoût suffisaient à lui pourrir la vie, pas à la lui enlever. En lisant par désœuvrement les romans classiques, il enviait ces époques où l’on trépassait de chagrin…

Verdict :

J’accorde toute de même un « j’aime » à ce recueil, car son contenu n’est pas dénué d’intérêt bien qu’il ne m’ait pas totalement séduite, je crois qu’il pourra plaire à d’autres profils que le mien.

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