Titre : La grand-mère de Jade
Auteur : Frédérique Deghelt
Nombre de pages : 391 pages
Date : 2009 (dispo en poche)
L’intrigue :
Pour éviter à sa grand-mère, la douce Mamoune, un placement en maison de retraite, Jade décide de la « kidnapper » sans l’accord de ses tantes et l’emmène dans son appartement parisien ; elle va partager avec elle son quotidien de jeune femme. Les deux vont s’apprivoiser et enrichir leur relation de grand-mère/petite-fille tout en se découvrant réellement l’une l’autre. Jade qui tente, en vain, de faire publier son premier roman accepte, toute étonnée, l’aide de sa grand-mère qui se révèle être une lectrice assidue. Cette passion pour la littérature, elle l’a cachée toute sa vie, sa condition de femme modeste et mère de famille ne lui permettant pas de s’affirmer au grand jour. Jade va se trouver grandie de ces échanges, moteurs de milles possibilités pour un avenir plus affirmé.
Mon avis :
Petit coup de coeur de ce week-end. Ce roman se lit très facilement, j’ai même cru à un roman pour adolescents mais on est directement pris par la douce histoire relationnelle entre une grand-mère et sa petite-fille. J’aurais beaucoup aimé écrire ce roman sans prétentions car je me suis énormément retrouvée dans les réflexions et la vie des deux personnages. Jade est journaliste pigiste, se bat pour vendre ses articles mais rêve de publier son premier roman. Dans l’histoire, elle dénonce la frivolité des rédactions de magazines féminins, ce que j’avais énormément ressenti lors de mon bref passage au Cosmopolitan à Paris. « Elle aimait l’idée d’écrire dans un journal féminin, mais elle détestait l’esprit de pipelettes qui régnait dans ce genre de rédaction. On y retrouvait la caricature de tous les travers dont on accusait les femmes ! (…) Les journalistes attitrées se laissaient peu à peu absorber par des articles au contenu creux, qui ne véhiculaient ni esprit critique ni apprentissage quelconque. » (Heureusement qu’il existe de magazines comme Causette ou Muze pour sauver la mise). De plus, Jade se pose énormément de questions sur la vie passée de sa grand-mère et se rend compte qu’elle n’avait en tête qu’une seule facette de sa personnalité. C’est vrai, on a du mal à imaginer que nos grands-parents sont, comme nous, passés par l’enfance et la jeunesse, le rêve et l’espoir. Dans ce livre, on a moins peur de la vieillesse qui n’est finalement qu’effective sur le corps alors que l’esprit reste vigoureux. On philosophe et on apprend à accepter cette issue irréparable. J’ai aimé l’amour de Mamoune pour les livres, la littérature et la lecture qui enrichissent sa vie et la comble de bonheur. On s’attendrit vraiment pour ce personnage si doux, si gentil et si léger qu’on a aussi envie de l’adopter comme grand-mère. Peut-être un bémol au niveau de l’écriture qui me semblait peut-être parfois « facile » mais difficile de dire pourquoi, un simple ressenti. En tout cas, l’originalité de l’histoire m’a beaucoup touchée et la fin presque inattendue m’a secouée. Réfléchissez à toutes vos possibilités avant d’envoyer, sans son avis, une personne âgée dans une maison de retraite…
« Les trois âges de la femme » – Klimt cité dans le roman (j’adore le style magnifique de ce peintre).
Extraits :
« Mamoune, je croyais la connaitre, mais je ne la voyais pas comme une femme. C’était juste ma grand-mère. C’est ridicule, je sais, mais en vivant avec elle je suis remplie de questions, de curiosités et même d’indiscrétions. C’est comme si j’avais sous la main un trésor et que je ne sache pas encore bien ce que je peux en faire ou comment l’ouvrir… »
« Elle a encore mille choses en elle que j’ignore mais qui ne pourraient pas me surprendre parce que je connais l’étendue de mon ignorance. Nous sommes aveugles et ce que nous voyons chez nos plus proches c’est ce que nous croyons savoir d’eux. Combien de fois sommes-nous trompés par ces étiquettes dont nous avons affublé nos amis ou ceux de notre famille ? Pourquoi ne voulons-nous pas tenir compte de ces mouvements et revirements qui agitent les humains et les font changer ? »
Un bouquin dans ma bulle 